Du centre de la terre aux confins de l’univers

Du centre de la terre aux confins de l’univers

Lorsque les frères Bovet débutèrent l’activité de la maison en 1822, les garde-temps qu’ils manufacturaient alors s’imposèrent immédiatement comme l’ultime référence en termes d’arts décoratifs horlogers. La présence des montres Bovet dans les musées dédiés à l’horlogerie comme à l’art atteste de cette suprématie toujours intacte.

Deux siècles d’excellence

Lorsque les frères Bovet débutèrent l’activité de la maison en 1822, les garde-temps qu’ils manufacturaient alors s’imposèrent immédiatement comme l’ultime référence en termes d’arts décoratifs horlogers. La présence des montres Bovet dans les musées dédiés à l’horlogerie comme à l’art atteste de cette suprématie toujours intacte.

Aujourd’hui, les artisans de la maison ont à cœur d’honorer cet héritage en pérennisant leur savoir-faire et en redéfinissant sans cesse les frontières de l’excellence. C’est cette quête constante de perfection qui a conduit pascal raffy à doter en 2006 Bovet 1822 de ses propres manufactures : Bovet 1822 manufacture de Cadrans et dimier 1738 manufacture de Haute Horlogerie Artisanale. toutes les techniques y sont mises en œuvre avec une maestria inégalée et le choix des matériaux nobles proposés ne cesse de s’enrichir.

Cette année, les collections Bovet mettent à l’index deux matériaux que les artisans de la maison maitrisent et proposent depuis 2008.Ceux-ci fascinent autant pour les décors enchanteurs qu’ils offrent que par leurs origines riches de symboles.

Un décor stellaire

L’origine de la matière première de l’aventurine est des plus terrestres puisque c’est la transformation de la silice, contenue dans le sable et la majeure partie des minéraux, qui permet d’obtenir le verre qui sert lui-même de base à la délicate élaboration de l’aventurine. il faut remonter au Xviième siècle pour trouver les origines de cette composition artisanale. et c’est à murano, capitale de la verrerie d’art, que furent élaborées les premières recettes conservées secrètement durant de longues années par la famille miotti à qui en est attribuée l’invention. Au verre teinté, s’ajoutent des inclusions de cuivre et de protoxyde de cuivre dont les cristaux triangulaires et hexagonaux scintillent de mille feux. La composition et la fabrication de l’aventurine sont empiriques et seuls le savoir-faire et l’expérience des artisans permettent d’obtenir une matière homogène. de ce fait, l’aventurine demeure un matériau rare ne pouvant pas être produit engrandes quantités. Le résultat présente l’aspect translucide du verre dans lequel semblent flotter librement les paillettes de cuivre. Bien qu’il s’agisse d’une matière transformée, l’aventurine a trouvé grâce, pour ses qualités esthétiques, auprès des joailliers et même des spécialistes en gemmes qui la surnomment Goldstone en anglais ou rivière d’or en français. L’origine du nom aventurine est, quant à elle, attribuée à sa découverte suite à une manipulation fortuite qui aurait vu de la limaille de cuivre tomber accidentellement dans un creuset de verre en fusion (all’avventura). enfin, on prête souvent, de nos jours, le nom de stellaria à l’aventurine pour son évocation évidente d’un ciel étoilé.

Une dimension philosophique du temps et de l’espace venue des confins de l’univers

C’est précisément d’un ciel étoilé que provient directement le second matériau mis à l’honneur cette année par les cadraniers de Bovet 1822 qui déclinent la météorite dans plusieurs modèles de cette collection 2017. si une quantité non négligeable de météorites atteint annuellement la terre, moins de 2% d’entre elles appartiennent à la classification des « fers » qui sont exploitables en horlogerie. Hélas, très peu d’entre elles ont une taille suffisamment importante pour pouvoir en extraire un cadran et on estime à quelques dizaines de kilos seulement les ressources présentes sur terre qui permettent un usage horloger. Cette catégorie de météorite est issue du noyau de corps célestes importants (plusieurs centaines de kilomètres de diamètre au moins). Celle dont sont manufacturés les cadrans par Bovet provient de namibie et est appelée météorite de Gibeon (nom de la ville la plus proche de sa découverte). il s’agit d’une météorite dont le poids avant son impact sur terre est estimé à 26 tonnes. plusieurs centaines de kilos ont été trouvés en différents fragments depuis sa découverte en 1838 mais seuls quelques fragments sont disponibles et exploitables pour l’horlogerie.

Les météorites ferreuses se composent de fer et de nickel. Celle de Gibeon contient également du cobalt et du phosphore en quantités infimes. Les températures atteintes par la météorite lors de son entrée dans l’atmosphère terrestre ainsi que la vitesse à laquelle elle se refroidit produisent une structure cristalline géométrique propre aux météorites ferreuses. C’est cette structure, appelée figures de Widmanstätten, qui permet d’identifier une météorite et qui lui confère son aspect unique. Après avoir usiné la météorite, celle-ci est polie puis immergée dans un bain d’acide qui révèle alors ces figures caractéristiques.

Bien plus que sa rareté et son aspect unique, la météorite a une puissante dimension symbolique et est le témoin des origines de l’univers. toutes les civilisations furent fascinées par ce métal aux origines extra- terrestres. La mention la plus ancienne connue relate la chute d’une météorite en Crête en l’an 1478 av JC. Les grecs utilisèrent le métal des météorites pour façonner de nombreux objets sacrés. en egypte, c’est une dague en fer météorique qui fut découverte dans le tombeau de toutânkhamon. La pierre noire de la Kaaba à la mecque est également une météorite ferreuse, quant aux inuits, c’est tout simplement aux météorites qu’ils doivent « leur » découverte du fer.

En ce qui concerne la météorite de Gibeon, on sait que celle-ci s’est abimée sur terre au cours de la préhistoire. si les spécialistes ne peuvent fixer son arrivée sur terre avec plus de précision, on sait en revanche que son âge est de 4 milliards d’années ce qui correspond exactement aux origines de notre propre système solaire.

Les physiciens du XXème siècle nous ont appris la notion d’espace-temps et le caractère indissociable de la quatrième dimension (le temps) aux trois qui régissent l’espace. Ainsi, au cours des siècles, la météorite a fédéré, scientifiques, philosophes, cultures, religieux et physiciens autour de la fascination que suscitent ses origines qui nous révèlent l’infini du temps et de l’espace. nombreux sont ceux à y voir simplement une preuve d’éternité.

Comment imaginer plus forte symbolique pour manufacturer le support de lecture du temps qu’est un cadran?

Des artisans virtuoses

il ne suffit hélas pas de pouvoir se procurer ces matériaux pour en extraire des cadrans. Leur extrême rareté et leur récente apparition dans l’univers horloger ne permettent pas aux artisans de se reposer sur l’expérience de leurs prédécesseurs. C’est donc sur leur propre savoir-faire qu’ils ont développés les techniques permettant de mettre en œuvre ces deux matériaux aux propriétés spécifiques.

La météorite étant composée à 92% de fer ne présenterait à priori aucune difficulté à être mise en œuvre. toutefois, sa structure cristalline particulière et les différentes pressions et variations de températures subies au cours de sa longue existence et de son voyage spatial en font un métal inhomogène constellé d’inclusions. son usinage est donc particulièrement délicat et nécessite une attention de chaque instant. L’opération suivante consiste à immerger le cadran dans un bain d’acide. La durée d’exposition à l’acide définira le contraste avec lequel se dévoileront les figures de Widmanstätten. Là encore, une attention particulière est requise, la durée d’exposition étant empirique et l’attaque acide se poursuivant avec une certaine inertie au- delà de la période d’exposition. pour cette Collection 2017, un traitement pvd noir révèle ensuite les nuances de la surface tout en protégeant le cadran de l’oxydation. Finalement, les opérations de tampographie et de pose d’index complètent ce délicat processus et définissent l’aspect final du cadran.

Les paillettes métalliques qui confèrent l’éclat étoilé de l’aventurine sont autant d’inclusions qui rendent sa mise en œuvre délicate. il faut bien évidemment ajouter à cette difficulté la dureté et la fragilité du verre qui rendent les opérations d’usinage et de polissage très délicates et techniques tout comme l’ensemble des opérations d’assemblage. Le verre étant un matériau inerte, il faudra encore tenir compte des coefficients de dilatation des métaux auquel il sera fixé pour éviter tout risque de casse lié à des changements de température.

Les artisans de la manufacture de cadrans Bovet 1822 sont parvenus à maitriser chacune des étapes de fabrication de tels cadrans et en sont devenus parmi les plus grands spécialistes pour offrir aux garde-temps Bovet 1822 une portée symbolique forte et universelle.