L'histoire de BOVET
La Suisse maîtrise l’art horloger depuis plus de deux siècles grâce, en grande partie, à l’impulsion d’hommes exceptionnels.
Les grands noms de l’horlogerie suisse ont indubitablement été construits par des hommes au génie inventif ou dotés d’un sens inné des affaires. Pendant de nombreuses générations, ces entreprises ont puisé dans leurs ressources familiales pour poursuivre leur développement, mais souvent, la lignée familiale s’étant interrompue, elles ont dû faire appel à des talents externes pour assurer leur survie. C’est certainement grâce à ce sang neuf que les maisons horlogères, fondées au 18ème ou au 19ème, peuvent aujourd’hui afficher une santé florissante.
La maison BOVET en est un exemple caractéristique. Quatre générations successives de BOVET ont dirigé l’entreprise après sa création en 1822 par Edouard Bovet, lui-même fils d’horloger. Mais lorsque les BOVET abandonnèrent l’horlogerie, le nom qu’ils avaient créé était trop précieux pour disparaître. D’autres horlogers prirent le relais pour perpétuer la tradition.
Aujourd’hui, plus d’un siècle et demi après la création de l’entreprise par Edouard et Alphonse Bovet, Pascal Raffy, propriétaire et Président de BOVET FLEURIER SA, lui a donné un nouvel élan, afin d’assurer l’avenir de l’une des plus grandes légendes de l’horlogerie suisse.
Dans la tradition BOVET, le but d’une montre est de générer une émotion lors de la découverte d’une nouvelle expression esthétique. Mais l’originalité, pour avoir de la valeur, doit reposer sur un travail soigné et réalisé avec passion.
L’originalité exige aussi la prise de risques. Comme d’autres aventuriers, Edouard Bovet était un visionnaire lorsqu’il a mis le cap sur l’Orient — pour découvrir que ses gardes temps fascinaient les amateurs d’art même à l’autre bout du monde.
Cette foi dans l’universalité du bon goût a rétabli le nom BOVET au sein du cercle des amateurs qui apprécient le meilleur de l’art horloger.
Chaque montre de haute horlogerie est à l’image d’une partition de musique, le fruit d’une subtile orchestration de musiciens talentueux et complémentaires. En fin de compte, ce sont les interprètes qui font la différence et seuls les meilleurs horlogers sont à même de réaliser une création parfaite. BOVET enchante les amateurs les plus exigeants, notamment dans le domaine de l’art décoratif, que l’on retrouve dans l’esthétique d’un mouvement finement gravé, les ondulations d’une finition en Côtes de Genève ou l’éclat d’un émail. Chaque nouveau modèle vise à offrir le meilleur travail des artisans contemporains. Bien que le présent se réfère constamment aux normes du passé, la mesure du temps impose l’anticipation du futur.
Les horlogers de BOVET ont dû entreprendre une démarche audacieuse pour retrouver la forte personnalité de la marque. Les choix étaient difficiles, le travail astreignant et les normes techniques inflexibles. Certaines montres ont même exigé de recréer des techniques artisanales qui avaient virtuellement disparu.
Les montres BOVET d’aujourd’hui ont cependant en commun avec les montres de poche qui furent leurs ancêtres — une personnalité qui suscite tout sauf l’indifférence.
FLEURIER, jardin de l’horlogerie suisse
La ville tient son nom, que lui donnèrent les Romains, des fleurs printanières qui agrémentent les rives des trois ruisseaux qui arrosent ses pâturages. Bien que les fleurs abondent toujours à FLEURIER, le nom de cette commune du Val-de-Travers, dans le canton de Neuchâtel, est aujourd’hui davantage associé aux nombreuses réussites de maisons horlogères qu’à l’abondance florale. Au début du 19ème siècle, FLEURIER était un village de taille moyenne comptant environ 100 maisons et 800 habitants. Il était déjà connu pour la dentellerie mais dès 1820, une nouvelle activité prenait la relève dans le Val-de-Travers — l’horlogerie. Les marchands, qui acheminaient la dentelle jusqu’aux confins de l’Europe, avaient ouvert des routes commerciales qu’allaient bientôt emprunter les montres et les outils de précision de FLEURIER, réalisés avec talent dans les fermes de la vallée.
Cent ans plus tard, ces routes s’étendaient jusqu’au bout de la terre. FLEURIER comptait 4000 habitants, dont 700 travaillant dans l’horlogerie.
Le mot “BOVET” entre dans le vocabulaire chinois
Les Fleurisans — c’est ainsi qu’on les appelle — furent les premiers à transporter leurs précieuses montres au-delà des frontières européennes, jusqu’au Moyen Orient. Les plus hardis furent les BOVET qui ouvrirent le marché chinois, emportant jusqu’aux cours des empereurs et des mandarins les joyaux de FLEURIER, conservés à jamais dans les émaux exquis des montres BOVET. Ayant ouvert des succursales à Canton et à Shanghai, BOVET devint vite une référence dans l’horlogerie fine à tel point que le nom fut utilisé en Chine pour désigner une montre de qualité.
BOVET s'étend à l'échelle mondiale
A la fin du 18ème siècle, l’Angleterre était devenue le centre mondial de l’horlogerie. La marine anglaise, alors première puissance navale au monde, et le commerce maritime en pleine expansion, exigeaient des garde-temps de précision pour les besoins de la navigation.
C’est donc à Londres, capitale du commerce des montres, que l’horloger suisse Jean Frédéric Bovet envoya, en 1815, trois de ses cinq fils. Edouard, qui allait fonder la société BOVET et n’avait alors que 18 ans, ne manqua pas de se faire remarquer auprès de son patron pour son intelligence. Trois ans plus tard, il était en route pour Canton avec un lot de montres précieuses. A son arrivée, il vendit quatre montres à un mandarin pour la somme incroyable de 10.000 francs, ce qui lui permit de découvrir ses véritables talents commerciaux et l’énorme potentiel du marché.
Avec ses deux frères installés à Londres, Alphonse et Frédéric, et son troisième frère Gustave, horloger à FLEURIER, Edouard Bovet créa la société des montres BOVET en 1822. Les premières montres, très influencées par le travail de l’horloger anglais William Ilbery, étaient fabriquées à Londres sous la supervision de ses frères, tandis qu’il s’occupait de leur commercialisation. La production fut rapidement déplacée à FLEURIER où les conditions de travail étaient meilleures. C’est à cette époque que son jeune frère, Charles-Henri, intégra l’entreprise.
A l’âge de 33 ans, Edouard Bovet avait assuré sa propre fortune ainsi que celle de sa grande famille et donné une vigoureuse impulsion à son village natal. En 1830 le « BOVET de Chine » rentra triomphalement à FLEURIER et s’installa dans une imposante maison néoclassique. L’édifice à colonnades est aujourd’hui l’hôtel de ville, et une rue porte encore son nom.
Le 15 novembre 1840 les frères Bovet décidèrent de porter le capital de la société à un million de francs, somme colossale pour l’époque. La renommée internationale de la maison BOVET surpassa celle de ses rivaux grâce à un sens aigu de la vente. Cette réussite fut atteinte en 20 ans.
Promesse tenue
En réduisant les prix sans sacrifier la qualité du produit Edouard Bovet inventa le luxe accessible. Il fut le premier à commercialiser les fonds transparents pour les clients amateurs de belle mécanique. Les mouvements étaient richement décorés et la notoriété des graveurs de FLEURIER surpassa celle des genevois.
Les montres BOVET, toutes signées, devinrent un symbole de qualité à l’échelle mondiale. Cette stratégie permit de développer une clientèle fidèle qui refusait toute autre label. En Chine, la montre BOVET était une valeur sûre qui servait de monnaie dans les périodes d’instabilité.